L’intelligence artificielle (IA) se rapporte à diverses technologies conçues pour simuler la pensée et l’apprentissage humains. L’IA fonctionne en recueillant de l’information et en utilisant des algorithmes pour apprendre, prédire et prendre des décisions. Puisque l’IA est capable de réaliser certaines tâches automatisées, son utilisation dans la vie quotidienne et dans le domaine des soins de santé gagne de la popularité.
L’IA et l’ergothérapie
De nombreuses technologies d’IA existent pour appuyer l’exercice de l’ergothérapie mais il faut bien y penser avant de décider de l’utiliser. Il ne faut pas oublier que l’on s’attend encore à ce que les ergothérapeutes respectent leurs normes d’exercice et les lois en vigueur, telles que la Loi de 1996 sur le consentement aux soins de santé et la Loi de 2004 sur la protection des renseignements personnels sur la santé.
L’IA ne fait qu’imiter la cognition humaine et ne remplace pas l’expérience, la compétence ou le jugement d’un ergothérapeute. Les ergothérapeutes continuent d’être responsables des décisions cliniques qu’ils prennent et des services qu’ils fournissent, même s’ils sont augmentés par l’IA.
La littérature a identifié plusieurs domaines dans lesquels l’IA pourrait possiblement appuyer l’exercice de l’ergothérapie :
- Évaluation : Par exemple, des dispositifs ou capteurs portables peuvent fournir de l’information aux ergothérapeutes lorsqu’ils évaluent la santé d’un client.
- Surveillance : La technologie de l’IA peut être utilisée pour surveiller l’état médical, les activités ou le comportement d’un client, ce qui peut fournir de l’information pour appuyer des interventions ergothérapeutiques ou l’autogestion de son état par le client.
- Intervention : Certaines technologies de réalité virtuelle peuvent imiter des expériences de la vie réelle qui peuvent être utilisées dans le cadre d’interventions ergothérapeutiques. Des solutions de maison intelligente et des dispositifs d’aide à activation vocale (comme Alexa ou Google Home) peuvent aider un client à vivre de façon indépendante à son domicile.
- Tâches administratives : L’IA qui utilise de gros modèles de langages (comme Chat GPT) peut aider les ergothérapeutes en résumant une grosse quantité d’information en des notes plus brèves. Il existe une technologie de la transcription numérique qui peut enregistrer des séances et transcrire de l’information verbale en des notes écrites.
- Éducation : La technologie de l’IA peut fournir des possibilités de simulation ou produire du matériel d’apprentissage pour éduquer des étudiants, du personnel et des soignants.
- Motivation des clients : L’IA peut fournir des messages personnalisés et motivants aux clients et les aider à suivre leurs progrès pour atteindre leurs buts.
Les bienfaits possibles offerts par l’IA en font une option attrayante avec sa capacité d’enrichir les évaluations et les interventions, de contribuer à la sécurité et à l’indépendance des clients, d’accroître l’efficacité des tâches de travail et d’habiliter la prise de décisions cliniques. Les ergothérapeutes doivent toutefois tenir compte des risques que peut poser l’utilisation de l’IA.
Risques dont il faut tenir compte
- Impact sur le client : Est-ce que l’IA affectera la relation thérapeutique ou compromettra les soins fournis au client? Qu’est-ce qui est dans le meilleur intérêt du client et est-ce que l’IA s’aligne avec les buts visés? Est-ce que le client se sent confortable et fait confiance à l’utilisation de l’IA et de la technologie?
- Protection de la vie privée : Les technologies de l’IA peuvent entreposer ou partager de l’information (y compris des renseignements personnels sur la santé) qui est saisie dans le système de données de l’IA. Il est important de comprendre les conditions d’utilisation et les politiques de protection de la vie privée du système d’IA utilisé et les risques d’atteinte à la vie privée.
- Exactitude et fiabilité : L’information générée par l’IA peut renfermer des faussetés ou des erreurs. C’est ce qu’on appelle des « hallucinations » de l’IA. Certains systèmes d’IA génèrent de l’information incomplète ou partielle qui peut être trompeuse. D’autres systèmes d’IA génèrent de l’information sans la justifier ou révéler sa source (ce qu’on appelle la boîte noire de l’IA).
- Préjugés : L’information générée par l’IA peut être biaisée. Les algorithmes de l’IA se fondent sur les données qu’ils ont appris à analyser et ne tiennent peut-être pas compte d’autres facteurs liés aux clients, comme le sexe/genre, l’ethnicité, le statut socio-économique, le milieu, etc.
- Équité : Les outils d’IA offerts gratuitement au public peuvent utiliser des algorithmes moins sophistiqués, comparativement aux outils d’IA qui nécessitent un abonnement payé, et peuvent comprendre des algorithmes et de la technologie plus avancés. Les ergothérapeutes devraient être au courant des inégalités possibles de l’accès à l’IA et des répercussions sur les personnes qui n’ont pas accès à la technologie la plus à jour.
- Surdépendance : Une surdépendance de l’IA peut causer une érosion des aptitudes à la pensée critique. L’IA ne devrait pas remplacer l’utilisation de la pensée critique et du jugement clinique de l’ergothérapeute.
Responsabilités professionnelles
On recommande aux ergothérapeutes de faire preuve de prudence et de songer à ce qui suit s’ils intègrent l’IA dans leur pratique :
- Soyez prêt à rendre compte : Les ergothérapeutes doivent rendre compte des services qu’ils fournissent et de la documentation sur laquelle ils posent leur signature. Ils devraient donc s’assurer qu’ils ont les compétences requises pour utiliser la technologie et se conformer aux normes d’exercice, aux lois en vigueur et aux mesures d’atténuation des risques posés aux clients.
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Ayez un esprit critique : Les ergothérapeutes devraient évaluer de façon critique l’exactitude et la fiabilité de l’information générée par l’IA. Cette information peut être incorrecte, biaisée, manquer de transparence ou manquer de langage ou de jugement professionnel. Les ergothérapeutes doivent déterminer s’ils peuvent se fier à l’information recueillie et pouvoir fournir une justification à l’appui (résultats d’évaluations ou démarches de traitement) pour soutenir leur prise de décisions.
- Obtenez le consentement : Les ergothérapeutes doivent obtenir le consentement de leurs clients avant d’intégrer l’IA dans leur plan de service. Si de l’information personnelle est entrée dans un outil d’IA, il devrait y avoir une communication bien claire avec le client concernant les risques et les bienfaits de cette action et comment leur information sera utilisée et partagée.
- Protégez la confidentialité : Les ergothérapeutes sont tenus de respecter les lois pertinentes sur la protection de la vie privée dans leur milieu de travail, comme la Loi de 2004 sur la protection des renseignements personnels sur la santé. Les ergothérapeutes devraient lire et comprendre les politiques sur la protection de la vie privée et les conditions d’utilisation des outils d’IA s’ils veulent s’en servir et prendre des mesures raisonnables pour assurer la sécurité de l’information de leurs clients. Ceci peut signifier qu’ils doivent éviter d’entrer de l’information confidentielle dans leurs outils d’IA.
- Tenez compte des implications éthiques : Les ergothérapeutes devraient faire attention à l’information biaisée pouvant être générée par l’IA ou aux inégalités possibles de l’accès à la technologie qui pourraient promouvoir ou perpétuer les iniquités dans les soins de santé.
- Élaborez des politiques : On encourage les ergothérapeutes à collaborer avec leurs employeurs et à consulter des experts légaux pour élaborer des politiques concernant l’utilisation de l’IA. Par exemple, des politiques élaborées au sujet du consentement et de la protection de la vie privée peuvent être partagées avec des clients si des questions sont soulevées dans le cadre de leur pratique.
Résumé
L’IA peut constituer un complément utile dans le cadre d’une pratique mais elle ne remplace pas le jugement et la prise de décisions cliniques de l’ergothérapeute. Les ergothérapeutes qui décident de se servir de l’IA devraient tenir compte de la protection de la vie privée et de leurs responsabilités éthiques, et s’assurer qu’ils continuent de suivre leurs normes d’exercice et les lois pertinentes.
Ressources
ACE. Conversations that Matter Podcast: Episode 34, Artificial Intelligence in Occupational Therapy (févr. 2024) (en anglais)
ACE (n.d.). Occupational Therapy, Artificial Intelligence & Technology (en anglais)
ACE (2024) OT Practice document: Assistive technology & artificial intelligence (caot.ca) (en anglais)
Association canadienne de protection médicale (2019). L’émergence de l’intelligence artificielle dans les soins de santé
Cadre ontarien pour la fiabilité de l'intelligence artificielle | ontario.ca
Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l'intelligence artificielle, 2018
Organisation mondiale de la santé (2023). L’OMS préconise une utilisation sûre et responsable de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé
Organisation mondiale de la santé (2021). L’OMS publie le premier rapport mondial sur l’intelligence artificielle (IA) appliquée à la santé et six principes directeurs relatifs à sa conception et à son utilisation
Principes bêta pour une utilisation éthique de l’intelligence artificielle | ontario.ca
Principes pour des technologies de l’intelligence artificielle (IA) générative responsables, dignes de confiance et respectueuses de la vie privée – Commissariat à la protection de la vie privée du Canada
Projet de loi 194 – Loi de 2024 visant à renforcer la cybersécurité et la confiance dans le secteur public – Assemblée législative de l’Ontario (ola.org)
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